Les cocktails cocorico d'aujourd'hui et d'autrefois

L’HISTOIRE DU COCKTAIL

Si on ne connaît pas la date exacte de la création des cocktails, on estime toutefois celle-ci vers 1870 à l’apparition des machines à glace artificielle en Amérique. Ceux qui en buvaient étaient considérés comme privilégiés car les ventes se faisaient surtout dans les avions, les hôtels et les bateaux aisés. Le Manhattan et le Dry Martini sont d’ailleurs devenus des incontournables de cette période. En 1889, la grande exposition universelle qui se tient à Paris (c’était des expositions internationales qui regroupaient des exposants du monde entier dans les années 1900) ramène cette mode en France et on voit alors ouvrir les premiers bars à cocktails à Paris.
Cette consommation est alors propulsée en 1920 en France avec la prohibition américaine qui inspire grandement notre petite contrée bercée par le vin jusque-là.

Mais la prohibition c’est quoi ? C’est une période de 1920 à 1933 où l’alcool était interdit par la loi en Amérique (puis appliquée par d’autres pays par la suite, comme la Russie), que ce soit pour la consommation, la vente et la fabrication, et tout ça dans le but d’améliorer la moralité et les conditions de vie des plus pauvres (ça a eu des conséquences désastreuses d’ailleurs, avec un taux de criminalité qui augmentait, comme vous avez pu le voir dans Peaky Blinders - une série que je vous recommande par ailleurs). On mélangeait alors les alcools forts avec un diluant pour mieux en cacher son goût. Grâce à des barmans regorgeant de créativité on connaît aujourd’hui le Cuba Libre ou notre fameux Bloody Mary (originaire de France). C’est aussi dans cette période que les gangsters et mafieux ouvraient des Speakeasies qui étaient des bars clandestins où l’on buvait de l’alcool et écoutait du jazz.

Au fait, savez-vous pourquoi on mettait des plumes dans ces mélanges à cette époque ? Les breuvages qui contenaient de l’alcool étaient joliment décorés de cette plume, d’où le nom que l’on a gardé de nos jours pour les boissons alcoolisées (Cocktail ou Coquetel pour nos amis les Canadiens).
La prohibition, qui devient alors trop oppressante pour certains barmen, oblige ceux-ci à s’expatrier en France et à Cuba, nous amenant par la force des choses leurs recettes. Pour ceux restés à Cuba, la culture du coin leur permet d’apprendre de nouvelles recettes comme notre bienaimé Mojito (1er cocktail préféré des Français de nos jours).

PARIS, CAPITALE DES COCKTAILS ?

Paris fut un temps la capitale des cocktails, où de nombreux bars ont ouvert pendant la prohibition. Mais c’est en 1950 que les cocktails prennent un réel tournant dans l’histoire, et à l’heure de l’industrialisation après-guerre où tout doit être rapide, efficace, les cocktails deviennent artificiels et imbuvables. Des cocktails Wish quoi.
En France, les bons cocktails se buvaient dans les grands palaces et étaient surtout du luxe, accessible par la haute société. Alors qu’en Amérique et en Angleterre on redécouvrait des cocktails bons rapports qualité-prix avec des figures emblématiques, en France on avait le choix entre les cocktails bon marché avec des noms grossiers ou des cocktails de luxe.

En 2007, l'Expérimental Cocktail Club ouvre à Paris, à la tête de celui-ci trois jeunes (Romée de Goriainoff, Olivier Bon et Pierre-Charles Cros) fraîchement diplômés qui révolutionnent le cocktail en France. Ils remettent celui-ci au goût du jour avec des recettes raffinées et très abordables. La tendance est un franc succès et beaucoup d’autres suivent le mouvement.

QUELQUES RECETTES FRANÇAISES ACTUELLES …

Vous pourrez peut-être commander ces cocktails dans vos bars préférés. Issus de ce regain de popularité instauré par les trois pionniers du paragraphe au-dessus, ces cocktails sont parfois récents et vous pouvez très facilement les trouver. Je vous ai fait une petite sélection de ceux-ci avec leur recette.

L’eau fraîche de Stephen Martin (a créé un bar à Paris où il défend avec ferveur des cocktails français) : dans un verre mettre un fond de sirop de pêche et y ajouter 3 ou 4 cl de Suze (liqueur de gentiane), puis un peu de gin (environ 2 cl). Mélanger et ajouter de la glace, de l’eau tonique. Placer deux rondelles de concombre pour la déco (et un peu de minéralité).
Dégustez !

Le Gourmand, à base de Triple Sec Marie Bizard :dans votre verre à pied, versez 5 cl de votre Triple Sec Marie Brizard (une liqueur), 5 cl de Tonic et ¼ de citron jaune pressé. Ajoutez six feuilles de menthe et 5 framboises. Ajoutez ensuite des glaçons puis remplir le verre de Prosecco. La déco ? une feuille minimaliste de menthe.

Le Vesper, ce cocktail inventé par James Bond (indirectement par Ian Flemming en 1953, le réalisateur) dans Casino Royale à base de Lillet, un apéritif français. La recette ? « 3 doses de Gordon, 1 de vodka, 1/2 de Kina Lillet ». 

La soupe angevine : on mélange ( tout d’un coup) 75 cl de crémant, 10 cl de jus de citron, 10 cl de sucre de canne et 10 cl de triple sec (cointreau de préférence) dans un saladier en ayant pris soin de garder tous les ingrédients au frigo. A décorer avec une tranche de citron !

… ET DES RECETTES VINTAGES COCORICO !!

Les cocktails (si on part du postulat de départ qui nomme tous les mélanges contenant de l'alcool Cocktails, je les appelle alors ainsi pour que vous compreniez. Je ne pense pas que c’était le nom donné à cette époque) que je vais vous énumérer sont nos anciens mélanges que l’on pouvait souvent réclamer au bistrot du coin à l’époque de Marcel Pagnol. Pour ma part, je les trouve plutôt mignons et très élaborés. Même si la plupart de ces breuvages ont disparu des cartes, beaucoup pensent que les nouveaux cocktails “américanisés” (par le nom seulement) sont inspirés de nos anciens. Voyez vous-mêmes ! (Les photos ne sont pas représentatives des cocktails énumérés) 

La Rhumaine est un cocktail subtil, pour le préparer vous aurez besoin d’un verre des plus classiques, le verre à whisky. Directement dans ce verre, noyez les quatre glaçons avec 3 cl de pastis (ou ricard) et 1 cl de rhum blanc. Ajoutez-y 15 cl d’eau fraîche !

Savez-vous ce qu’est un Perroquet ce que signifie l’expression “plumer le perroquet” ? (Je vous rassure, aucun oiseau n’a été maltraité durant la rédaction de cet article) Le perroquet est presque le même mélange que la Rhumaine, on remplace juste le rhum blanc par du sirop de menthe (et on prend un verre à pastis, un verre long drink : un tumbler). Quand on le boit, on dit qu’on plume le perroquet.

Le Fond de Culotte est un cocktail qui se prépare directement dans un verre tumbler. Il a aussi pour nom “Suzecass” ou “Culotte de fonctionnaire” (avouez que c’est drôle !). Donc dans un verre avec des glaçons, mettez 3 cl de sirop de cassis et 9 cl de Suze (liqueur de gentiane). 
A déguster frais !

Vous avez surement l’habitude de siroter votre petit jaune lorsque vous allez bronzer sous le soleil marseillais. Et bien sachez qu’il existe la Môminette, une variante de ce mélange pastis (ou Ricard) et eau. La môminette est plus allongé et se prépare dans un verre à vin. On peut aussi l’appeler (selon le lieu) le “verre du chômeur”, la “momie”, “demi-dose” ou un “chat couché”.

L’Embuscade … alors celui-là … il doit tellement être fort pour porter un nom pareil ! Dans un verre tumbler, mélangez 6 cl de vin blanc, 2 cl de calvados, 1 cl de sirop de cassis et ½ cl de sirop de citron. Complétez avec de la bière fraîche.

Il existe aussi beaucoup de mélanges avec du vin (rouge ou blanc) et de la bière, comme ça peut être le cas du Picon Bière. Il faut croire que les anciens avaient aussi du goût pour l’alcool et trouvaient pas mal de moyens alternatifs pour changer leur quotidien.

*Attention, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. Cet article n'a pas pour but d'inciter à la consommation, il reste totalement objetcif et instructif. *